19 avr 2013 02:31

Les biomarqueurs : une boule de cristal pour prédire les maladies cardiovasculaires?

Les biomarqueurs sont des substances présentes dans l’organisme qui sont susceptibles d’annoncer une pathologie donnée (comme par exemple le glucose pour le diabète). Le Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE) a cherché à déterminer si la mesure de certains biomarqueurs « traditionnels » ou plus récents pouvait contribuer à prédire le risque cardiovasculaire, mais sans parvenir à trouver des preuves suffisantes à l’appui de cette hypothèse. Il semblerait donc plus judicieux d’investir dans le développement du modèle de risque classique, basé sur des facteurs comme l’âge, le sexe, le tabagisme, la tension et le taux de cholestérol sanguin, par exemple en y intégrant de nouveaux paramètres comme les antécédents familiaux, la sédentarité ou la consommation exacte de tabac.

Les biomarqueurs : des substances (potentiellement) associées à une maladie

Certaines substances présentes dans notre organisme sont susceptibles de révéler le développement d’une pathologie. Ainsi, lorsqu’on le retrouve dans le sang de façon constante et en quantités excessives, le glucose est un signe de diabète. Cette molécule est donc un biomarqueur de cette affection, un paramètre mesurable qui dévoile ce qui se passe dans notre corps.

Ces biomarqueurs suscitent actuellement des attentes élevées: on espère qu’ils pourront être de plus en plus utilisés pour diagnostiquer des maladies ou évaluer leur gravité, mais aussi pour mesurer l’impact des traitements. Ils pourraient également être amenés à jouer un rôle important en termes de prévention, en permettant une identification plus efficace des personnes à haut risque de maladie et donc la mise en place d’un éventuel traitement préventif.

SCORE, l’outil le plus utilisé pour l’évaluation du risque cardiovasculaire

Ces dernières années, les biomarqueurs sont également utilisés dans le cadre de l’évaluation du risque cardiovasculaire ; la présence dans le sang de certaines protéines, par exemple, pourrait être le signe d’un danger accru. Le KCE a donc cherché à déterminer si l’ajout de ces mesures était susceptible d’améliorer les prédictions des modèles de risque classiques.

Le modèle SCORE (Systematic Coronary Risk Evaluation) est actuellement l’outil d’évaluation le plus utilisé en Belgique. Il permet de déterminer le risque d’un patient donné de décéder d’un incident cardiovasculaire endéans les dix ans sur la base de cinq paramètres : l’âge, le sexe, le tabagisme, la tension et le taux de cholestérol total dans le sang.

Cet algorithme présente toutefois des limites, car certains individus jugés à faible risque décèdent malgré tout d’une maladie cardiovasculaire. D’autres, beaucoup plus nombreux, font l’objet d’une surévaluation du danger et pourraient donc non seulement inutilement inquiétés, mais aussi inutilement traités. Toute la question reste toutefois de savoir si la recherche de biomarqueurs supplémentaires permet bien d’identifier de façon plus précise les sujets qui présentent réellement une probabilité accrue d’être victimes d’un incident cardiovasculaire.

Des preuves insuffisantes d’une meilleure prédiction du risque

Le KCE n’a pas trouvé de preuves convaincantes que des biomarqueurs supplémentaires permettraient d’obtenir une amélioration significative de l’évaluation du risque cardiovasculaire. Il recommande donc de ne pas les utiliser chez les patients asymptomatiques (prévention primaire), et de se limiter provisoirement au tableau SCORE dans ce groupe spécifique.

A plus long terme, la mesure de certains biomarqueurs pourrait néanmoins intervenir dans une deuxième phase, chez des personnes qui présentent un risque moyen sur la base de l’algorithme SCORE. La plus-value de cette mesure reste toutefois à établir.

Développer davantage le tableau SCORE classique

Dans l’état actuel des choses, il faudrait se concentrer davantage sur le développement et l’amélioration du tableau SCORE, par exemple en y ajoutant des paramètres supplémentaires comme les antécédents familiaux ou un mode de vie trop sédentaire, ou en en affinant certains autres comme la consommation de tabac, qui devrait être mesurée de façon plus précise.