04 Mar 2025 10:42

UNE AUGMENTATION ALARMANTE DE L'UTILISATION DE LA KÉTAMINE EN BELGIQUE, UNE VIGILANCE PERMANENTE EST NÉCESSAIRE

Récemment, une étude alarmante du doctorant Natan Van Wichelen (UAntwerpen) a révélé que les eaux usées en Flandre et à Bruxelles contiennent 7 à 11 fois plus de kétamine qu'il y a 10 ans, y compris en semaine. Cette étude confirme que la kétamine n’est pas seulement une drogue festive, mais qu’elle est consommée dans d’autres contextes. Une étude européenne (European Drug Report 2024) a confirmé ces résultats, indiquant qu'Anvers et Rotterdam sont les villes avec les plus fortes concentrations de résidus de kétamine.

Les drogues causent beaucoup de misère et de violence. Les événements récents le démontrent une fois de plus. La douane jouent un rôle important en tant que service de sécurité dans la lutte contre la drogue. Nous allons continuer à intensifier la lutte contre la kétamine, a déclaré le ministre des Finances Jan Jambon.

La consommation de kétamine reste relativement stable tout au long de l'année, contrairement à d'autres drogues qui connaissent des pics pendant les fêtes ou les festivals. Son usage dépassant le cadre festif, une vigilance permanente de nos services douaniers est indispensable.

Qu'est-ce que la kétamine ?

La kétamine a été initialement développée comme anesthésique pour les hôpitaux et la médecine vétérinaire, mais elle est également utilisée comme drogue illégale sous les noms de 'ket', 'Special K' ou 'Vitamin K', généralement sniffée.

Chiffres de l'AGD&A et évolution

Jusqu'à il y a quelques années, la kétamine était peu utilisée et provenait principalement de médicaments (vétérinaires) volés. La situation a changé : aujourd’hui, la kétamine chimiquement pure est de plus en plus présente, souvent détournée du circuit pharmaceutique légal avant d’être revendue illégalement.

Il y a également une exportation illégale significative de kétamine vers des pays comme les États-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni. La contrebande passe principalement par les envois postaux et de livraison rapide, la kétamine étant dissimulée dans  divers objets, en quantités allant de 100 grammes à 20 kilos. Le prix de détail dans la rue y est trois fois plus élevé qu'en Belgique.

Constatations relatives à la kétamine :

 Nombre de saisiesQuantité (kg)
202255157,4
202354205,2
202456167,7
2025 (jan-fév)1156,8

Ces constatations concernent presque toutes des exportations par poste/courrier express/cargo dans les aéroports de Zaventem et Liège, à une exception près.

Au début de cette année, un passager a été intercepté avec 16,4 kg de kétamine alors qu’il se rendait en Allemagne.

Pour lutter contre ce commerce illégal, les douanes collaborent étroitement avec les autorités étrangères et  réalisent des livraisons contrôlées afin d’interpeller les dealers dans les pays de destination.

 

Livraisons contrôlées :

 Nombre de dossiersQuantité (kg) livrée
2022614,2
2023534,2
2024221,9

Les États-Unis sont le principal partenaire pour ces livraisons, mais d’autres ont également eu lieu vers Taïwan, le Danemark et Israël.

Effets

La kétamine provoque une anesthésie et une analgésie, une sensation  onirique, mais aussi des hallucinations. Elle peut entraîner des nausées, de la désorientation, des psychoses et, à forte dose, un grave manque d'oxygène. Un autre risque est que la kétamine accroît les dangers sur la route et puisses être utilisée comme drogue de soumission chimique. Une consommation prolongée peut entraîner de graves problèmes de santé tels que des lésions cérébrales et le "syndrome de la vessie à la kétamine", qui entraîne des dommages permanents à la vessie et aux reins. Le risque de dépendance psychologique est élevé.

Nécessité d'une concertation européenne dans la lutte contre la contrebande de kétamine

Seuls six Etats membres, dont la Belgique, classent la kétamine comme substance stupéfiante.

Un des défis  réside dans l’absence d’un statut légal harmonisé pour la kétamine. Aux Pays-Bas, par exemple, elle est réglementée, mais ne relève pas de la loi sur les stupéfiants comme les drogues "classiques".

Une concertation au niveau de l'UE est indispensable pour discuter de ces défis et suivre l’évolution de l’épidémie de kétamine, afin de mieux coordonner la lutte contre ce problème.