Entre discrimination persistante et bien-être fragile : les défis des personnes transgenres et non binaires en Belgique
À l’occasion de la Journée internationale du souvenir trans, l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes présente les résultats de la troisième édition de l’étude « Être une personne transgenre et/ou non binaire en Belgique ». Elle offre un aperçu des réalités vécues par ces personnes dans notre pays. Avec 975 participant·e·x·s, il s’agit de l’échantillon le plus large jamais consulté pour cette étude. Pour la première fois, 38,8 % des répondant·e·x·s s’identifient comme non binaires, ce qui en fait la principale sous‐catégorie de l’enquête. Un chapitre du rapport est spécifiquement consacré à leurs expériences et à leurs besoins.
L’étude met en évidence plusieurs tendances fortes. Le coming out intervient plus tôt qu’auparavant, mais les personnes transgenres et non binaires continuent de se sentir insuffisamment en sécurité dans des environnements tels que l’école ou le travail. Les questions liées à l’enregistrement du genre suscitent également une évolution notable : si l’obligation n’existait pas, une majorité des répondant·e·x·s ne souhaiteraient pas enregistrer leur genre, une préférence particulièrement marquée parmi les personnes non binaires. En 2024, 748 personnes ont introduit une demande d’adaptation de la mention officielle du sexe auprès de l’État civil.
Les résultats montrent par ailleurs un niveau de discrimination préoccupant. Plus de huit personnes sur dix déclarent avoir été victimes de discrimination au cours des deux dernières années, notamment en ligne, dans le domaine des soins de santé et lors de la recherche d’emploi. Le score moyen de bien-être des personnes interrogées est plutôt faible : 55% s’estiment en bonne/très bonne santé, contre 77% pour la population générale.
L’accès aux soins transspécifiques demeure entravé par des obstacles importants, tels que les délais d’attente, les coûts et la crainte de réactions négatives.
L'étude a également examiné les facteurs qui ont une influence positive sur le bien-être personnel et l'acceptation sociale des personnes transgenres. Les initiatives en faveur de la diversité sur le lieu de travail, la visibilité et la participation, ainsi que le soutien de personnalités publiques se sont avérés importants à cet égard.
Michel Pasteel, directeur de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, souligne : « Cette étude met en lumière des réalités préoccupantes : la discrimination demeure omniprésente et le bien-être des personnes transgenres et non binaires reste nettement inférieur à celui de la population générale. Ces résultats soulignent la nécessité d’agir pour garantir l’égalité des droits et l’accès à des soins adaptés.»
Les conclusions de cette étude seront présentées le 21 novembre lors de la journée d’étude Trans en Belgique, qui sera introduite par Rob Beenders, Ministre de l’Égalité des chances.
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L'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes est un organisme public indépendant qui lutte contre toute forme de discrimination et d'inégalité fondée sur le genre. D’année en année, le nombre de signalements reçus par l’Institut augmente. L'Institut informe les victimes et les soutient en cas d'éventuelles procédures judiciaires. Par ailleurs, l’Institut fournit des informations sur le cadre légal et émet des avis et des recommandations, notamment à l'intention du gouvernement et du parlement. Il est également chargé de collecter des données et des statistiques, de mener des recherches, de proposer des formations, ainsi que de mettre en place des initiatives politiques concrètes et des campagnes de sensibilisation.
Les victimes ou témoins de discrimination fondée sur un critère protégé par la loi Genre (notamment le sexe) peuvent obtenir des informations sur leurs droits, gratuitement et en toute confidentialité. Si elles le souhaitent, elles peuvent également introduire un signalement en appelant le 0800/12 800 (numéro gratuit) ou en consultant le site aide.iefh.be.