Indicateurs de pauvreté contrastés : la Belgique excelle dans la lutte contre la pauvreté, mais peine avec les familles sans emploi
Avec 18,2% de la population exposée au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale, la Belgique reste sous la moyenne de l’UE27, qui se situe à 21,0%. C’est ce qui ressort du dernier rapport de suivi du SPF Sécurité Sociale, basé sur les dernières données de l’enquête EU-SILC sur les revenus et les conditions de vie. En Belgique, ces données sont collectées par Statbel. L’analyse montre que la Belgique est une terre de contrastes. “Nous sommes un pays des extrêmes en comparaison européenne” affirme Natascha Van Mechelen du SPF Sécurité Sociale. “Excellents au niveau la pauvreté monétaire, mais bons derniers pour les ménages où (presque) personne ne travaille.”
Notre protection sociale porte ses fruits
La Belgique s’est engagée à réduire de 279.000 le nombre de personnes en situation de pauvreté ou d’exclusion sociale d’ici 2030. Selon le SPF, notre pays en est à mi-chemin, grâce notamment à une forte baisse du risque de pauvreté monétaire : de 14,8% en 2019 à 11,5% en 2024. Ainsi, la Belgique affiche désormais le deuxième taux de pauvreté monétaire le plus bas d’Europe, derrière la Tchéquie (9,5%).
Parallèlement à la baisse de la pauvreté monétaire, l’efficacité de la protection sociale en Belgique est passée de 41,7% en 2019 à 52,7% en 2024. Seuls l’Irlande, le Danemark et la Norvège enregistrent également une réduction de la pauvreté monétaire via les transferts sociaux de plus de 50%.
Défi structurel : familles sans emploi
La forte proportion de familles où (presque) personne ne travaille – les « ménages quasi sans emploi » reste un problème persistant. Après plusieurs années de baisse, leur part a de nouveau augmenté en 2024 pour atteindre 11,3%. Alors que la moyenne européenne est de 7,9%. La Belgique est ainsi le plus mauvais élève de la classe européenne en ce qui concerne les familles sans emploi.
Privation matérielle et sociale : moyenne mais concentrée
La Belgique présente des résultats intermédiaires en ce qui concerne la privation matérielle et sociale, c’est-à-dire la difficulté à accéder à certains biens considérés comme essentiels. Ainsi, un Belge sur cinq déclare rencontrer des difficultés à faire face à une dépense imprévue de 1.300 euros. Une proportion identique indique ne pas pouvoir s’offrir une semaine de vacances hors de chez soi.
Double stratégie politique
“Le lien entre davantage de personnes au travail et la diminution de la pauvreté est loin d’être automatique”, explique Natascha. “Entre 2018 et 2023, le risque de pauvreté monétaire a diminué de 14,8% à 11,5%, alors que le taux d’emploi des 20-64 ans est passé simultanément de 69,7% à 72,1%.”
Une protection sociale plus efficace n’entrave pas nécessairement la croissance de l’emploi selon Van Mechelen. Au contraire : durant la même période, la part des ménages quasi sans emploi – les ménages où presque personne ne travaille – a également baissé, passant de 12,8% à 11,3%.
Malgré ces progrès, ce dernier point demeure un défi structurel pour la Belgique. “La Belgique montre qu’une protection sociale forte est payante dans la lutte contre la pauvreté. Mais, pour embarquer aussi les groupes les plus vulnérables, une double stratégie reste nécessaire”, selon Natascha Van Mechelen : renforcer la protection des revenus et, en même temps, faire en sorte que les emplois parviennent aux familles où aujourd’hui (presque) personne ne travaille.