Hépatite C : faut-il tester toute la population ?
La transmission de l'hépatite C se fait par le sang. Aujourd'hui, ce sont les usagers de drogues injectables partageant leur équipement qui courent les plus grands risques d'infection. On dénombre environ 2000 nouveaux cas d'hépatite C chronique chaque année. Cette maladie est généralement sans symptôme mais à long terme, une maladie du foie peut se développer. Il est possible d’en guérir mais la durée du traitement et ses effets secondaires font que moins de la moitié des patients se soignent. Le Centre d’Expertise des Soins de Santé (KCE) ne recommande pas de dépistage généralisé du virus. Par contre, le dépistage de groupes à risque peut être envisagé. Pour les usagers de drogues injectables, les mesures préventives telles que les programmes d’échange de seringues usagées et les traitements de substitution, comme la méthadone, semblent surtout prévenir la transmission du VIH. Leur effet sur l'hépatite est moins clair.
Peu de symptômes, mais un risque de maladie du foie à long terme
Le virus de l'hépatite C, qui n’a été découvert qu’en 1989, se transmet par du sang infecté. L'infection devient souvent chronique sans que la personne n’en ressente trop de gêne. Après de nombreuses années ou décennies, une cirrhose, voire même un cancer du foie, peuvent se développer. Ce risque augmente entre autres en consommant de l'alcool ou du cannabis.
Les usagers de drogues sont les plus à risque
Depuis le milieu des années90, les nouveaux cas d’infection par transfusion sanguine sont tout à fait exceptionnels car les donneurs de sang sont maintenant testés. Actuellement, plus de 80% des quelques 2000 nouvelles infections par an concernent des usagers de drogues qui partagent leurs aiguilles ou tout autre matériel contaminé. Les hommes séropositifs au VIH ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes sont aussi un groupe à risque. Les procédures et tests médicaux peuvent également parfois conduire à une infection.
Combien de personnes en Belgique sont infectées par l'hépatite C ? Les estimations varient considérablement, allant de 1 pour 1000 à 1 pour 100. Il est donc nécessaire de poursuivre les recherches à ce sujet.
Moins de la moitié des patients entament un traitement
Il n’existe actuellement aucun vaccin contre l'hépatite C. Par contre, un traitement sous forme d'injections permettant d’éradiquer le virus existe. De nouveaux médicaments apparaissent régulièrement sur le marché, grâce auxquels plus de personnes pourraient être traitées avec succès. Cependant, moins de la moitié des patients atteints d’hépatite C chronique entament un traitement et cela en raison des effets secondaires (dépression et l'anémie) et de la durée du traitement (six mois à un an). Deux difficultés supplémentaires sont à noter chez les usagers de drogues : leur situation psychosociale complexe et leur grande mobilité. Dans les 5 ans, un médicament avec moins d'effets secondaires peut être espéré. Cela permettra de traiter plus de patients.
Un dépistage de tous les belges n’est pas recommandé, mais bien des groupes à risque
Les études scientifiques réalisées à l’étranger n'apportent aucune réponse claire à la question de savoir si un dépistage généralisé serait efficace et coût-efficace. Par conséquent, le KCE ne le recommande pas en Belgique. D’autant plus que la moitié des adultes ont déjà été testés pour l'hépatite C.
Le dépistage de groupes à risque spécifiques, comme les usagers de drogues a-t-il plus de sens? Les conclusions des études réalisées à l'étranger diffèrent également, mais il y a malgré tout un certain consensus au sujet du dépistage des usagers de drogues injectables. Cependant, pour réussir à tester et traiter ce groupe, il faut lui assurer un soutien aux plans social et psychologique. Ce soutien doit être suffisamment flexible et mobile.
Une prévention grâce à des programmes d’échange de seringues et de substitution aux opiacés prévient surtout la transmission du VIH
Les usagers de drogues sont souvent contaminés par le virus de l’hépatite C dès la première année d’usage de drogues injectables. Le KCE a examiné les mesures prises pour réduire le nombre d'infections, telles que les programmes d’échange de seringues et la fourniture de produits de substitution comme la méthadone. Ils semblent être particulièrement efficaces et coût-efficace pour réduire les infections par le VIH. Leur effet sur l'hépatite C est par contre moins clair. Le KCE a également cherché à savoir si le traitement de l'hépatite C permettrait de réduire la propagation du virus au sein d'un groupe d'usagers de drogues. Même si cette approche est théoriquement prometteuse, les données sur la prévalence de l’infection et sur les résultats du traitement chez les usagers de drogues actifs ne sont pas encore suffisamment bien connues pour que des conclusions puissent en être tirées.