Vers une utilisation efficiente des données des 100 premiers patients lors d’une nouvelle pandémie
En cas de flambée épidémique impliquant une maladie infectieuse encore inconnue (comme l’était à l’époque le COVID-19), il est important que les caractéristiques des 100 premiers patients, le décours de l’infection et l’effet des mesures appliquées pour tenter de la traiter soient déclarés, analysés et communiqués le plus rapidement possible. Ce n’est en effet que par ce biais que les décideurs pourront prendre des mesures fondées autant que possible sur des données factuelles, et que des essais cliniques pourront être mis sur pied de façon ciblée. Les infectiologues belges ont demandé au KCE d’examiner comment ce processus pourrait être organisé d’une façon plus rapide, plus souple et plus transparente lors d’une pandémie future, avec un retour d’information rapide vers la profession. Le KCE demande aux plateformes de gestion des risques qui existent déjà (le Risk Assessment Group et le Risk Management Group) de développer une procédure pour une collecte de données rapide et standardisée dans l’ensemble des entités fédérées, afin de rendre possible une analyse plus rapide aux échelons fédéral et européen.
L’importance des 100 premiers patients lors d’une nouvelle flambée épidémique d’une maladie infectieuse
En cas de flambée épidémique d’une maladie infectieuse encore inconnue (comme, à l’époque, le COVID-19), il est important de dresser le plus rapidement possible le tableau du décours de la maladie et de la réponse aux premières tentatives de traitement dans une première série de patients, et de communiquer à ce sujet aux niveaux national et international (p.ex. European Centre for Disease prevention and Control – ECDC et Organisation Mondiale de la Santé – OMS). De cette manière, des décisions politiques peuvent être prises rapidement sur la base de données étayées, et des essais cliniques peuvent être débutés d’une manière plus ciblée.
Au cours de la pandémie du COVID-19, les infectiologues belges ont été confrontés au besoin d’un retour d’information rapide concernant leur prise en charge des premiers patients – besoin qui s’est fait sentir lors de l’apparition de chaque nouveau variant. Il est toutefois apparu que la mise sur pied d’essais cliniques sur la base des protocoles existants n’était pas une approche adéquate dans ce contexte.
Les infectiologues ont donc demandé au KCE d’examiner comment ce processus pourrait être organisé d’une façon plus rapide, plus souple et plus transparente lors d’une épidémie future. Le KCE s’est penché sur les différents systèmes de collecte de données envisageables, en consultant pour cela un certain nombre d’experts. Le système des maladies infectieuses à déclaration obligatoires s’est rapidement dégagé comme une solution possible. Lorsqu’une personne malade se présente chez le médecin généraliste ou à l’hôpital avec une maladie infectieuse figurant sur la liste des maladies à déclaration obligatoire de l’une des entités fédérées belges (p.ex. le mpox, la tuberculose, le VIH, etc.), le médecin traitant ou le laboratoire a l’obligation de le signaler à l’instance de santé régionale compétente, parce qu’il peut exister un risque pour la santé publique.
L’enregistrement des maladies infectieuses à déclaration obligatoire diffère d’une entité fédérée à l’autre
En Belgique, chaque entité fédérée transmet ensuite l’information concernant les maladies infectieuses à déclaration obligatoire à Sciensano (échelon fédéral) pour analyse. Il existe toutefois des différences entre les entités fédérées au niveau des plateformes utilisées pour la collecte des données, de la liste des maladies à déclaration obligatoire, des données à collecter et de la fréquence du rapportage à Sciensano, ce qui se solde par une perte de temps et d’efficience.
Le KCE recommande donc que le Risk Assessment Group (RAG) et/ou le Risk Management Group (RMG) développe(nt) une procédure commune pour une collecte et une analyse rapides et standardisées des données dans toutes les entités fédérées belges, en s’appuyant sur la notification obligatoire. En cas de nouvelle flambée épidémique présentant une importance pour la santé publique ou d’apparition d’un nouveau variant, ces mêmes instances (RAG et/ou RMG) seraient également responsables du lancement de la procédure (et, plus tard, de sa clôture), avec le soutien des entités fédérées. Il est aussi important de communiquer clairement aux cliniciens quand l’obligation de déclaration entre en vigueur et de leur apporter rapidement un retour d’information sur les analyses et la réponse aux traitements. Ceci les encouragera à signaler rapidement et de façon complète les nouveaux cas qu’ils rencontrent.
Accélérer et harmoniser le processus est également nécessaire au niveau de l’UE
Idéalement, les données seront aussi coordonnées et immédiatement partagées avec l’ECDC en vue d’une analyse et d’un feedback rapides au niveau de l’UE. Ceci pourrait être facilité par des formulaires flexibles mais standardisés intégrés à des systèmes de données électroniques.