Nouvelles recommandations pour le traitement de la gonorrhée, de la syphilis et de l’infection à Chlamydia
Le nombre de cas d'infections sexuellement transmissibles (IST) grimpe de manière alarmante en Belgique, comme dans le reste du monde. Chlamydia, gonorrhée et syphilis sont en tête du peloton, et deviennent de plus en plus difficiles à traiter en raison de leur résistance croissante aux antibiotiques. Le Centre fédéral d’Expertise des Soins de santé (KCE) a développé, en collaboration avec des praticiens de terrain, des scientifiques et des associations de patients, le premier guide de pratique clinique belge sur le diagnostic et le traitement de la gonorrhée et de la syphilis. Ce guideline, principalement destiné aux médecins généralistes, devrait permettre que le diagnostic et le traitement de ces infections se fassent de manière uniforme et scientifiquement fondée. Un outil en ligne gratuit sera également mis au point dans les mois à venir pour aider les médecins généralistes à aborder les questions de santé sexuelle avec leurs patients.
Augmentation alarmante
Dans les années 1980, une contamination par le VIH – virus de l’immunodéficience humaine, responsable du sida – équivalait à un arrêt de mort. Aujourd'hui, cette même infection est devenue une maladie chronique, avec une espérance de vie quasi normale.
Mais depuis le début de ce 21e siècle, un nouveau fléau fait son apparition : d’autres infections sexuellement transmissibles (IST) augmentent de manière alarmante dans le monde entier, et donc également en Belgique. Chlamydia, gonorrhée et syphilis sont en tête de peloton.
L’infection à Chlamydia représente la moitié de ces nouvelles IST ; elle est le plus souvent diagnostiquée chez les femmes jeunes. La gonorrhée – autrefois appelée « chaude-pisse » – et la syphilis concernent plutôt les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes.
Bombes à retardement
Ces infections peuvent rester longtemps inaperçues et sont donc souvent diagnostiquées tardivement, voire pas du tout. En l’absence de traitement, les personnes infectées transmettent l'infection à leur(s) partenaire(s) sexuel(s). Or il s’agit de maladies qui peuvent entraîner des complications graves, une stérilité ou des fausses couches à répétition. Elles sont traitables par antibiotiques, mais de plus en plus difficilement, en raison de l'augmentation des résistances dues à une utilisation irresponsable de ces médicaments. Pour toutes ces raisons, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) encourage le développement de recommandations cliniques pour uniformiser le diagnostic et le traitement de ces infections, les conformer aux connaissances scientifiques actuelles et surveiller l’évolution des résistances aux antibiotiques.
Première belge
Le Centre fédéral d’Expertise des Soins de santé (KCE) a élaboré un guide de pratique clinique pour le diagnostic et le traitement de la gonorrhée et de la syphilis, principalement destiné aux médecins généralistes. C’est le premier guideline belge qui aborde les IST de façon rigoureusement scientifique. Pour ce travail, les experts du KCE ont collaboré avec des praticiens de terrain, des laboratoires scientifiques et des associations de patients. L'approche de l’infection à Chlamydia sera abordée dans un autre guideline développé par le groupe de travail « Développement de recommandations cliniques de première ligne », qui fait partie du Réseau fédéral d’Evidence-Based Practice (réseau EBP).
Le but recherché est d’abord de détecter et de diagnostiquer les IST à temps. Le meilleur moyen est de discuter de santé sexuelle avec tous les patients, même ceux qui, à première vue, ne semblent pas à risques. Si cela s’avère indiqué, le médecin généraliste peut alors proposer un test de dépistage. Les personnes infectées doivent ensuite recevoir un traitement approprié et leur(s) (anciens) partenaire(s) doivent être informé(s) de manière à stopper la transmission et à leur offrir un traitement similaire.
Outil en ligne gratuit
Mais le travail ne s'arrête pas là, car le KCE développe actuellement un outil interactif en ligne pour aider le médecin généraliste à évoquer les IST en consultation. Cet outil lui permettra également de choisir le bon test diagnostique pour différentes IST – dont la gonorrhée, la syphilis et l’infection à Chlamydia –, de prescrire le traitement le mieux adapté et de proposer un suivi aux patients et à leurs partenaires. Cet outil (gratuit) sera disponible dans les prochains mois.